Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, à mon arrivée de Lion qui fust le jour de la Notre Dame, monsieur de
2La Tyvolière me randit la lettre quil vous a pleust de mescripre pour responce aulx
3miennes deulx precedentes. En premier lieu, je vous mercyeray très humblemant
4la fiance que vous avés heu en moy du faict de La Mure et de ce quil vous a
5pleu dy gratifier celluy que je nommeroys, à quoy je vous diray que je nen
6avoys aulcun par trop affectionné quepour le sercice du roy, toutesfoys, puys
7quil vous a pleu de tant me favoriser que de men donner le choys, jen
8ay nommé ung audit sieur de La Tyvolière, duquel je masseure que vous aurés
9contentemant et luy avec. Jestime quil vous faict bien particulièrement
10entendre comme le tout a bien succedé par bonne fortune et lentreprinse
11que le Cadet de Voguedemar avoit avec Lesdiguyères pour leur remetre ces
12chasteaus qui estoit enseigne de La Balme. Encores vous en dyray je ce mot
13Balme à propos pour larrester, sans quil se doubtast daulcune chose pour
15obvier à ce que lon fesoit contre luy, monsieur de La Tyvolière se resolust
16denvoyer le cappitaine Curebource avec environ XXV ou trante souldatz à La
17Mure, feignant vouloir excecuter quelque dessain contre les ennemis,
18accompaigné dune lettre audit Cadet pour le cacher dans ledit chasteau qui
19luy fist responce quil ne le lerroit entrer avec luy estoyent quelques
20soldatz de Sessenaige, toutesfoys se voyant foyble contre le reste des soldatz
21qui estoyent dedans, se doubtant son entreprinse estre descouverte, sortist
22dehors pour se retirer avec lesdictz ennemys quil trouva justemant de là
23le Pontault qui venoyent (comme a despuys raporté son laquès
24qui est revenu) pour entrer ausdictz chasteaus. Je pence bien que monsieur de
25Moydieu vous en avoit faict entendre quelque chose que je luy avoys prié de
26vous dire que je avoys descouvert ceste menée à se traicter
27[133 v°] despuys le siège qui y fust comme jay peu sentir et croys que si ce faict
28est mené ung peu vifvemant comme jestime que lon fera, il se descouvrira
29beaulcop de choses, car ce laquès en accuse des aultres qui sont encores
30en pays. Il cest saulvé ung mercyer qui pourtoit les lettres que je
31pence que lon pourra encores attraper. Je loue Dieu de la grace quil nous
32a faicte de nous avoir deslivré ce beau traict. Je ne vous ennuyeray de
33plus long discours et vous dyray comme estant à Lion, je trouvey la
34ma garda de passer plus oultre. Jespère, avec layde de Dieu, ailler fère
36ca[resme]prenant ave[c] luy pour luy ailler baiser les mains et à madame,
37encore que je luy remete son enseigne. Je ne laisse de demeurer en sa
38bonne grace et tousiours à luy parce que je tire lestat que le feu
39cappitaine Bellantan, lieutenant de monseigneur son filz, tirat, qui est la
40pension de douze centz livres quil a du roy de cappitaine de gendarmes
41entretenu. Je vous mercye très humblermant de ladvis quil vous plaict
42de men donner, ce nest la première obligation que je vous ay en eschange
43de recepvoir la bonne volunté que jay de vous fère toute ma vye
45bien humble et affectionné service et cest daussi bonne volunté que
46je presente mes très humbles recommandations à votre bonne grace,
47priant le Createur vous tenir,
48monsieur, en très bonne santé, très longue et très heureuse vye. De
49Grenoble, le VIIIme de febvrier 1574.
50Votre très humble allyé et très affectionné
51serviteur monestier
52[134] Ce cadet de Voguedemar est de Bainisan et estoit sergent de monsieur
53d’Ourches. Je pence que monsieur de La Tyvolière vous faict entendre lestat
54auquel lon a trouvé le chasteau de monseigneur de Vauldemont tout
55qui ne sont remparés que de pierre sèche ; et auparavant, il estoit du
57tout fort beau et abitable où les officiers abitoyent et les
58rantiers retiroyent leurs grains.